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Mille, mille cinq
cent, deux milles ?… Si le nombre
de brevets attribués à
Thomas Edison varie parfois, il
est de toute façon impressionnant.
L'étendue des domaines
concernés a également
de quoi laisser pantois. Depuis
l'électricité jusqu'à
la téléphonie, en
passant par le cinéma,
le génial inventeur a touché
à tout. Et pourtant, rien
ne laissait présager une
telle réussite. Rien si
ce n'est l'extraordinaire volonté
d'un homme, exemple parfait du
"self made man" américain.
Septième et dernier-né
d'une famille modeste, Thomas
Alva Edison voit le jour le 11
février 1847 à Milan,
dans l'Ohio (Etats-Unis). Cet
enfant à la curiosité
insatiable est hyperactif. A l'âge
de sept ans, après trois
mois passés dans une école
de Port Huron dans le Michigan,
où la famille vient de
s'installer, Thomas est classé
"instable" par son professeur.
Il quitte le circuit scolaire,
définitivement. Et c'est
sa mère, ancienne institutrice,
qui prend en charge son éducation.
Elle lui enseigne les bases ;
il trouve le reste dans les livres
qu'il dévore.
A douze ans, le jeune garçon
veut subvenir à ses besoins
et devient vendeur de journaux
dans les trains. Loin de s'en
contenter, il achète une
presse à imprimer d'occasion,
l'installe dans un fourgon et
y imprime son propre journal,
le Weekly Herald. L'argent gagné
grâce à la vente
de cet hebdomadaire lui permet
de se créer un premier
laboratoire de chimie, dans la
cave de sa maison. Mais les débuts
de l'apprenti chimiste sont difficiles.
Des produits dangereux qu'il stocke
dans un wagon de train prennent
feu et il se fait jeter dehors.
S'en est fait du Weekly Herald.
Vers la même période,
Thomas contracte la scarlatine.
Il guérit mais ressort
de l'épisode pratiquement
sourd ; un handicap qui, par la
suite, influencera beaucoup l'orientation
de ses travaux.
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Ayant appris les rudiments du
morse et de la télégraphie
en récompense d'un geste
héroïque qui sauva la
vie d'un enfant, Edison est embauché
au bureau télégraphique
de Port Huron en 1862, avant de
partir parcourir le pays en tant
qu'opérateur itinérant.
L'expérience qu'il acquiert
lui permet de développer
sa première invention : un
télégraphe duplex
capable de transmettre sur un même
câble deux dépêches
en sens inverse. En 1868, la situation
matérielle de ses parents
se dégradant, Edison décide
de chercher un poste fixe et intègre
la Western Union Company, à
Boston. Parallèlement, il
travaille sur plusieurs projets
d'inventions. La première
qu'il finalise, la machine automatique
à voter, ne rencontre pas
le succès escompté,
faute de marché. Poussé
par son besoin d'argent, Edison
en tire une leçon qu'il n'est
pas près d'oublier : "ne
jamais perdre du temps à
inventer des choses que les gens
ne seraient pas susceptibles d'acheter".
Attiré par les possibilités
qu'offre la ville de New York, Edison
tente sa chance et s'y installe
en 1869. Les premiers temps sont
durs ; le jeune homme manque mourir
de faim quand survient un événement
comme seule la chance peut en produire.
Se promenant du côté
de la Bourse de Wall Street, Edison
tombe sur un technicien paniqué
par la panne du télégraphe
utilisé pour transmettre
les cours de l'or. Saisissant sa
chance, il réussit à
réparer la machine et se
voit aussitôt proposer un
poste d'assistant de l'ingénieur
en chef. En un instant, Edison passe
de la plus misérable pauvreté
à une confortable situation.
Le succès, désormais,
ne le quittera plus. |
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La mise au point d'un télégraphe
multiplex pouvant transmettre
et imprimer les cours des valeurs
boursières lui permet d'abord
de créer puis revendre
sa première société,
la Edison Universal Stock Printer.
Avec l'argent récolté,
il ouvre en 1874 son propre laboratoire
de recherche à Newark (New
Jersey). Il travaille alors à
l'élaboration du microphone
à cartouche de carbone
qui améliorera considérablement
les capacités sonores du
fameux téléphone
d'Alexander Graham Bell. En 1876,
Edison déménage
son laboratoire à Menlo
Park (New Jersey) et se lance
dans l'étude des problèmes
d'enregistrement et de reproduction
du son. Ce qui en résulte
: le premier véritable
phonographe, réalisé
par l'inventeur américain
quelque mois après que
Charles Cros en ait déposé
le projet à l'Académie
française des sciences.
Le dispositif est composé
d'un cylindre d'acier recouvert
d'une feuille en étain
et d'une aiguille qui grave puis
lit les sons recueillis ou diffusés
par un cornet acoustique. Ce premier
modèle, de médiocre
qualité, sera au fil des
ans suivi de nombreux autres,
auxquels Edison apportera toutes
sortes de perfectionnement. En
1879, acceptant mal d'avoir été
pris de vitesse par Bell dans
la course au téléphone,
Edison décide de relever
un défi dont les retombées
seront aussi, sinon plus importantes
: celui de la mise au point de
l'ampoule électrique. A
cette époque en effet,
le monde s'éclaire encore
au gaz ou à la bougie.
On connaît de mieux en mieux
l'électricité, mais
le support idéal de l'éclairage
électrique n'existe pas,
en raison notamment des problèmes
liés à la chaleur
et à l'incandescence. Le
21 octobre, après divers
essais, Edison a l'idée
d'utiliser, sous vide, un bambou
du Japon - une matière
qui se carbonise en éclairant
lorsqu'elle est soumise à
de faibles voltages -, courbé
en U et relié à
deux fils de platine conducteurs.
Le retentissement de cette invention
est considérable. La lampe
à incandescence d'Edison,
présente à l'Exposition
universelle de 1889 à Paris,
devient très vite un véritable
phénomène de société,
symbole de sécurité
et de confort moderne. En homme
d'affaire avisé, Edison
ne manquera pas de créer
la Edison Electric Lights. Company
pour la fabrication de ses lampe
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Vers la fin des années
1880, Edison participe à
une autre grande aventure de la
technologie humaine. Devançant
l'invention du cinéma par
les frères Lumières,
il met au point le kinétoscope,
première machine à
produire des films par succession
rapide de vues individuelles.
Et en y associant son phonographe,
en 1913, il produit même
le premier film sonore au monde.
Quant vient la Première
Guerre mondiale, Edison est connu
et reconnu comme le "magicien
de Menlo Park". Le Gouvernement
américain fait appel à
lui pour des recherches en chimie.
Il est également appelé
pour mettre ses talents au service
de l'amélioration des bâtiments
de la marine nationale. Décoré
en 1928 de la médaille
d'or du Congrès pour le
développement et l'application
d'inventions qui ont révolutionné
la civilisation au cours du siècle
passé, Edison poursuit
inlassablement ses travaux. Il
déposera son dernier brevet
à l'âge de quatre-vingt
trois ans, un an avant sa mort
le 18 octobre 1931, à West
Orange (New Jersey).
Parmi toutes ses autres inventions
importantes, on trouve pêle-mêle
le dictaphone, la machine à
ronéotyper et un accumulateur
nickel-fer. Davantage technologue,
Edison n'aura réellement
ajouté aux connaissances
scientifiques qu'une seule découverte
: celle de l'effet Edison (mise
en évidence de l'émission
d'électrons à partir
d'un filament chauffé),
largement utilisé aujourd'hui
en électronique et qui
aboutira, en 1898, à l'élaboration
de la lampe à diode par
J. J. Thomson. D'aucuns pourront
même voir en lui l'antithèse
du scientifique intellectuel.
Mais dans le bouillonnement de
la révolution industrielle
et technique de la fin du XIXe
siècle, Edison s'est imposé
comme l'un des inventeurs les
plus prolifiques et surtout l'un
de ceux dont les réalisations
eurent le plus d'impact sur la
vie de millions d'êtres
humains.
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